Le costume féminin alsacien dans la région de Geudertheim est différent des costumes que l’on peut voir dans les autres régions de l’Alsace. Il est absolument erroné de croire qu’il n’existe en Alsace qu’un seul et unique costume traditionnel. En effet, les régions et parfois des villages d’Alsace avaient leurs particularités et leurs codes vestimentaires. Il est vrai que les évènements depuis 1870 ont forgé l’image stéréotypée de l’Alsacienne. Ainsi, dans la région de Geudertheim, le costume féminin alsacien ne se limite pas seulement à la robe rouge et à la coiffe à grand nœud noir (voir article sur la représentation de l’alsacienne).
Dans la vie traditionnelle de nos campagne, les nombreuses variantes du costume se retrouvent à l’intérieur de limites bien définies, souvent dictées par les appartenances religieuses de l’époque. Les pièces de costume se transmettaient de génération en génération, étaient confectionnées pour durer toute une vie. L’introduction d’une nouvelle mode s’étalait sur 30 ou 40 ans dans les villages et était fonction des moyens de communication, des occasions de rencontre aux grandes manifestations régionales ou familiales (messtis, pélerinages, mariages, etc…).
La chemise
Dès le XVIIe siècle, la paysannne portait une chemise très longue, ornée au cou par une fraise assez étroite, remplacé par un décolleté léger ou un boutonnage. Vers 1830, les manches sont longues et bouffantes ; puis on les remontait en dessous du coude. On les nouait avec un ruban cousu aux extrémités.
La collerette
Pour recouvrir l’encolure de la chemise ou sa fente d’ouverture, la paysanne a recours à une collerette en lin ou tricoté à la main en fil blanc. On lui donne le nom de « Gaempel » ou guimpe. Plus ancien est le nom de « Nackmäntele » ou « mantelet de nuque », déjà cité au XVIIe siècle.
La jupe
- Les protestantes affectionnaient les jupes vertes (« d’Schaenze« ), violettes, rouges, brunes (couleur « tabac »), bleues (claires ou foncées).
Vers 1850, il fut de bon ton de garnir le bas des jupes protestantes d’un ruban de velours fleuri, assorti à la couleur de la jupe. Dans la région de Brumath, Hoerdt et geudertheim, de simples rubans de velours noir, dans différentes largeurs, bordent en plusieurs rangées les jupes des jeunes filles protestantes. Le nombre de ruban était fonction de la fortune de la jeune fille et variait de un à six. - Les catholiques, jeunes filles ou femmes mariées, portaient une jupe nettement plus longue et d’un rouge particulier, le rouge garance. La coupe était la même que chez les protestantes. La différence essentielle résidait dans l’absence de ruban fleuri ou noir. Le bord inférieur était simplement gansé de velour noir. Les femmes mariées ou plus âgées revêtaient une « Kutt » de couleur foncée, mais jamais verte.
Le corselet
Le corselet ou « Rockbruscht » était attenant à la jupe. Dans les villages protestants du nord de Strasbourg, le « Rockbruscht » est parfois très échancré, non lacé et fermé à la base par une simple agraphe, comme à Hoerdt.
Le plastron et le devantier
La dimension du plastron protestant ou « Bruschti » (littéralement « drap de poitrine« ) est diretement liées à l’échancrure plus ou moins grande du corselet. Le plastron se compose d’une partie supérieure visible, raidie à l’intérieur par du carton. La moitié inférieure était plus souple. Le « Bruschti » s’enrichissait d’une décoration précieuse. On trouve les plus beaux et les plus grands plastrons à Uhrwiller, Engwiller, Mietesheim, Hoerdt et Geudertheim.
Le devantier catholique ou « Vorstecker » est raide, triangulaire mais plus petit que son homolgue, le « Bruschti » protestant.
Les plastrons et devantiers pouvaient aussi servir de cachette pour les billets doux, les mouchoirs en dentelles, y compris les brins de romarin qu’on y glissait , afin de ne pas s’endormir pendant les offices !
Le tablier
Le tablier fait partie de tous les costumes alsaciens. Il est porté aussi bien en ville qu’à la campagne, sur la robe bourgeoise et sur la robe paysanne. Les tabliers brodés sur soie ou satin noirs sont les plus récents. Les tabliers étaient surtout brodés de semis de petites fleurs, ou petits bouquets. Pour mémoire, le bouquet tricolore n’est pas issu de la traditions.
La casaquin
Vers 1860, la campagne adopte la mode du « Kasaweck » (répandu par les Polonais vers 1840). Le casquin est une sorte de spencer qui se porte par-dessus la chemise, la colerette et le plastron pour se protéger du froid. L’église approuvait cette pièce de costume, car elle cachait les formes. Le « Kasaweck » étant assez austère et inélégant, on eut l’idée de le porter avec un grand châle, aux longues franges.
Les Châles
Le grand châle était décoratif et tenait chaud. En soieries de Lyon, rayés, fleuris, à carreaux, chatoyants, et plus tard brodés, ils permettaient de rehausser la banalité du « Kasaweck« .