La représentation de l’Alsacienne
La représentation de l’Alsacienne est à l’origine, le symbole imaginaire d’une province française perdue. Par la suite, elle est devenue dans l’imagerie d’Epinal la tenue que portent toutes les Alsaciennes.
Dans le livre L’Alsace traditionaliste de Paul Kauffmann, réédition de 2002 il est écrit :
En 1870 l’Alsace est devenue une province allemande, de nombreux Alsaciens s’expatrient vers d’autres provinces françaises. Pour montrer leur attachement à la France, ils ornent le nœud de la cocarde tricolore. Le même phénomène se produit après la guerre 1914 – 1918.
Après la guerre 1939 -1945, le costume alsacien fait de nouveau surface. Les jupes brunes, vertes, violettes sont remplacées par la jupe rouge, couleur du patriotisme ardent.
Ce costume créé de toute pièce pour les besoins de la cause n’est pas issu de la tradition paysanne. Il est au premier rang lors des défilés du 14 juillet d’après-guerre.
Cette explication est confirmée lors de l’exposition temporaire « L’Alsace en habits », du 15 juillet au 14 octobre 2012 à Bischwiller.
En 1870, après la guerre, le traumatisme de la perte de l’Alsace et de la Lorraine est considérable. La création d’une figure représentant l’Alsace qui soit à libérer et qui attendant stoïquement son sort, se fait sentir.
La coiffe est l’élément marquant de cette représentation
Comme le rappelle l’historien Georges Bischoff, du sapin, qui tenait jusqu’alors lieu de symbole de l’Alsace, on passe à une allégorie féminine héroïque. Cependant, alors que la Patrie ou la Marseillaise sont généralement vêtues à l’antique, l’Alsacienne, elle, porte le costume régional. Mieux, elle porte la coiffe. Cependant, celle-ci n’est jamais tout à fait conforme à la réalité du costume du Kochersberg, du Pays de Hanau ou des environs de Strasbourg dont elle s’inspire.
Pas tout à fait à la bonne taille, tombante, affublée de la cocarde tricolore révolutionnaire, la coiffe de l’Alsacienne n’est plus là que pour rappeler qu’elle attend d’être sauvée par le soldat français.
Hansi et sa représentation de l’Alsacienne
Cette image de l’Alsacienne sera glorifiée par Hansi en 1918. On trouve ainsi cette image à travers plusieurs ouvrages francophiles, des objets et divers cartons publicitaires ou affiches. L’illustrateur colmarien diffuse un modèle unique d’Alsacienne recomposée, portant toujours la coiffe à grand nœud. Recherché par les Allemands Hansi devient en conséquence un héros national et son modèle d’Alsacienne se répand plus largement encore. De l’affiche au service de table, ou à la réclame, cette diffusion de l’Alsacienne réduite désormais au seul symbole qu’est sa coiffe à grand nœud se fait partout.
Ainsi, en 1945, pour fêter la Libération, on fabrique un costume aux couleurs de la revanche (rouge et noir) et au symbolique bouquet de France (bleuet, marguerite, coquelicot et épis de blé). Après les années soixante, l’Alsacienne à la coiffe au grand nœud noir perd ses symboles patriotiques. Plus tard, les professionnels du tourisme, les groupes folkloriques, les caricaturistes et les ethnologues s’en emparent.